Archives de catégorie : C’est d’actualité

Numérique : de l’effet Covid…

Le très volumineux et très documenté “baromètre du numérique 2020” publié récemment sous l’égide de l’Arcep, livre une impressionnante batterie d’indicateurs sur les évolutions des équipements et des usages numériques soumis à l’épreuve du Covid en 2020.

Il pointe des évolutions qui ont été accélérées et amplifiées sous l’effet des confinements successifs* qui ont porté les Français à recourir davantage, et parfois autrement, aux technologies numériques.

Je présente ici une synthèse de ces 348 pages. Continuer la lecture

De l’efficacité des réseaux sociaux de plus en plus incontournables

S’il est un bel exemple de cette efficacité, c’est celui de Thomas Pesquet, l’astronaute, qui depuis l’ISS où il séjourne depuis la fin avril est très actif sur Facebook. Sa page qu’il alimente presque quotidiennement, notamment avec d’époustouflantes photos, connaît une impressionnantes audience : 2,5 millions d’abonnés !

Au-delà de la curiosité et même de la fascination du public pour l’espace, ce succès tient beaucoup à la ligne éditoriale que Thomas Pesquet a choisi autour d’une grille :

  • Sincère et lègère, voire humoristique en partageant dans la simplicité ce qu’il ressent, pense ou vit à 450 km au-dessus de nos têtes.
  • Valorisante à travers l’exploitation de photos de paysages terrestres ou de la station internationale d’un intérêt inédit.
  • Homogène et cohérente à travers un fil invariable qui constitue une véritable chronique.
  • Didactique et très facilement accessible.

En quelque sorte les clés fondamentales de la communication sur les réseaux sociaux.

Incontestablement ce prisme est efficace et sert l’image de l’Agence Spatiale Européenne et du CNES qui bénéficient indirectement de ce registre de communication initié par cet astronaute, communicant hors pair !

 

Copie d’écran de la page Facebook de Thomas Pesquet

Sur le plan de la vitalité démocratique, le résultat du premier tour de ces élections régionales et départementales est un naufrage ! Un naufrage annoncé par une lame de fond qui vient de loin, du fin fond d’une trentaine d’années, au moins…
Les causes de cette abstention sont multiples.

Un naufrage annoncé par une lame de fond qui vient de loin, du fin fond d’une trentaine d’années, au moins

Les causes de cette abstention sont multiples.

Certaines sont conjoncturelles

Ainsi en est-il du report de ces scrutins sur une date particulièrement mal choisie, tout juste au sortir du troisième confinement.

Cette option a de facto rendu quasi impossible toute campagne qui est pourtant une séquence essentielle de préparation du rendez-vous démocratique qui ne peut se résumer au simple dépôt de bulletins dans les urnes, le jour venu.

De même qui pouvait sérieusement ignorer que, renouant à peine avec un semblant de vie normale, les Français ne se passionneraient pas pour ces Élections ?

Au sortir du troisième confinement comment leur en vouloir d’avoir privilégié leur irrépressible envie de souffler, de prendre l’air, de se retrouver entre amis ou en famille et même de souhaiter la fête des pères.

Enfin, dernier paramètre conjoncturel, le regroupement des deux élections sur une même date aura très largement contribué à brouiller les pistes et rendues illisibles les compétences et enjeux propres à chaque collectivité.

Ces erreurs manifestes [2] du Gouvernement, la démocratie les paye cash et chères !

D’autres sont structurelles et très préoccupantes

Préoccupantes en ce qu’elles notifient une fois de plus, mais de manière encore plus massive, le rejet de la politique, tout au moins telle qu’elle est aujourd’hui pratiquée et dans laquelle les Français manifestent silencieusement qu’ils ne s’y reconnaissent pas.

Le niveau de l’abstention témoigne aussi de l’inadéquation entre l’offre politique et la demande citoyenne qui est loin d’être exsangue. Ipsos a mesuré que 39 % des abstentionnistes ont considéré que « ces Élections ne changeront rien à ma vie quotidienne”. Un quart ayant déclaré bouder les urnes « pour manifester leur mécontentement à l’Égard des hommes politiques en général ».

Le fait est : de quoi a-t-on surtout parlé dans cette séquence électorale ? A un an de la présidentielle, essentiellement de jeux politiques et d’alliances baroques. Avec d’évidentes arrière-pensées, la plupart des leaders ayant par ailleurs surtout cherché à nationaliser le scrutin.

Alors on a beaucoup parlé de sécurité qui n’est pas une compétence des Régions ou des Départements ! Continuer la lecture

Cookies internet : refuser doit être aussi facile que d’accepter         

À partir du 1er avril, tous les sites web français devront être conformes aux nouvelles règles édictées en matière cookies par l’article 5(3) de la directive “ePrivacy” 2002/58/CE modifiée en 2009 et à l’article 82 de la loi Informatique et Libertés qui transpose ces dispositions en droit français.

Les cookies sont des traceurs placés automatiquement dans le navigateur lors de la visite d’un site internet. Certains d’entre eux sont sont indispensables au bon fonctionnement d’un site internet et permettent de simplifier l’interaction site-utilisateur. D’autres, cookies de ciblage marketing, collectent des informations sur l’internaute dans l’objectif de lui adresser de la publicité personnalisée selon les goûts et les centres d’intérêts détectés au fil des navigations. La réglementation vise donc à encadrer cette deuxième catégorie de cookies dans le but d’assurer la protection des données personnelles de l’utilisateur.

Ainsi, l’internaute doit être clairement informé des objectifs de ces cookies et il doit être aussi facile pour lui de les refuser que de les accepter. A partir du 1er avril 2021, tout site doit impérativement et préalablement informer l’internaute de façon claire et synthétique de la nature des cookies. Continuer la lecture

Baromètre de la confiance : entre morosité et pessimisme, une France de plus en plus désintégrée

Sans surprise, la douzième et dernière édition du baromètre de la confiance politique décrit des Français ressentant principalement de la lassitude (41 %, soit +13 % par rapport à 2019) et de la morosité (34 %, +12 % par rapport à 2019), sans négliger le sentiment peur qui atteint 14 %, soit 4 points de progression. Données qui ont évolué dans des proportions bien supérieures à celles que connaissent les Anglais et les Allemands. Comme le souligne Bruno Cautrès, politiste au CEVIPOF, “il y a le sentiment diffus d’une crise, sans fin dont on ne verrait jamais la sortie”. Corolaire, 58 % des Français jugent que le gouvernement ne gère pas “bien” la crise sanitaire, soit le plus haut pourcentage parmi ses voisins européens.

Mais de manière paradoxale, les résultats de cette dernière étude révélent une légère amélioration de la confiance des Français dans la politique à laquelle 49 % d’entre eux disent ne pas s’intéresser et 77% en avoir une vision négative. A noter aussi qu’elle inspire “méfiance” à 39 % et “dégoût” à 23 %. 65 % des Français estimant que leurs élus et dirigeants sont “plutôt corrompus”. Les considérant aussi à 80 % comme n’étant pas suffisamment proches des préoccupations des citoyens. Sombre tableau qui fait d’ailleurs de la France le pays le plus défiant de toute l’Europe à l’égard de la politique.

Dédain qui se confirme donc pour la politique mais contrebalancé, autre paradoxe, par un regain de confiance dans les institutions et les fonctions.

Il y a un effet covid. Tous ceux qui sont aux commandes sont rétribués en termes de confiance. Cela ne veut pas dire que leur action est validée, mais ils vont bénéficier d’un regain de confiance”, note Bruno Cautrès.

Cette succession de paradoxes révélant la problématique cruciale du rapport entre le discours politique et son efficacité dans la vie de tous les jours perçue par les citoyens. Cela à toutes les échelles de l’action publique.

Enfin, la revue des sujets sociétaux d’actualité livre des indications qui témoignent des fractures qui traversent la société et dont “les représentations semblent dépendre bien plus de variables culturelles et politiques que de variables sociales stricto sensu” comme l’analyse Luc Rouban, directeur de recherche CNRS.

A titre d’exemple de ces ruptures, voire d’une désintégration républicaine en marche les sentiments exprimés sur la question de l’unité nationale. Si 43 % des français considèrent la France comme une nation plutôt unie malgré ses différences, 53 % la vive comme un ensemble de communautés qui cohabitent les unes avec les autres. 4 % étant sans opinion.

Au final, une moisson d’indicateurs dont il faut se saisir pour orienter les messages que doit porter la communication de chaque institution pour conforter le “vivre ensemble” qui, au-delà des lignes de clivage traditionnelles, est plus que jamais à restaurer ou conforter.

Le baromètre de la confiance à consulter ici

La com locale poursuit sa mutation…  

La livraison, courant novembre 2020 du 6e baromètre de la communication locale* confirme et objective les tendances que l’on a pu observer sur le terrain, tout au long de ces derniers mois ou années.
En résumé, la communication locale est de plus en plus “multicanal”, suivant en cela l’évolution des usages et pratiques d’information par les citoyens qui recourent de plus en plus aux canaux digitaux qui confirment donc logiquement leur progression.
Cependant cette évolution très nette ne détrône pas encore les médias classiques au premier rang desquels la publication de la collectivité, en léger retrait, reste néanmoins très prisée des citoyens.
Plus surprenante est la progression du bouche à oreille, canal de diffusion majeur. Ce qui pose l’épineuse question de la maîtrise des informations véhiculées. Elle doit faire l’objet d’une vigilante et constante attention.
Concernant l’affichage, il convient de relativiser sa force qui est nettement corrélée à la densité du réseau, ce qui est l’apanage des grandes collectivités.
Enfin, les canaux digitaux se renforcent et se diversifient de plus en plus. La fréquentation du site internet de la collectivité plafonne. Victime de la montée en puissance des réseaux sociaux parmi lesquels Facebook caracole largement en tête.
Les français utilisant en moyenne 2,6 médias numériques pour s’informer sur l’actualité de leur collectivité.

Ces tendances, incontestablement durables, ayant été amplifiées par la crise sanitaire.

Bref, le digital qui s’est imposé est devenu incontournable. D’autant que d’autres études montrent que les seniors sont de plus en présents sur les réseaux sociaux (**).

Ce baromètre 2020 livre également deux données significatives sur les appréciations et attente des citoyens :

    • 60 % considèrent que les informations locales se complètent et donnent une vision claire et cohérente de l’action publique des différentes collectivités.
    • 91 % estiment qu’être informé par sa mairie en situation de crise est une priorité. Cette attente étant nettement plus forte que vis-à-vis de l’Etat.
    • 86 % espèrent voir se développer plus de dispositifs de participation citoyenne à l’échelle de leur commune. Un point qui méritera d’être explicité, sans doute dans un prochain post.

Autant d’indications très utiles pour bâtir la stratégie de communication de la collectivité pour le mandat en cours et définir l’allocation des moyens humains, techniques et budgétaires.

Un objectif de recherche d’efficacité et d’optimisation des moyens qui appelle une approche construite à partir des spécificité et paramètres locaux.

* Le baromètre de la communication locale est établi tous les deux ans. Il est réalisé par Epiceum et Harris interactive avec le soutien de La Poste, Cap Com et l’AMF.
Plus d’infos : www.barometrecomlocale.fr

** la catégorie des seniors est la population qui a le plus augmenté son utilisation des réseaux sociaux et sa consommation de vidéos en ligne, selon l’étude “Pratiques culturelles en temps de confinement” publiée par le DEPS, Département des études de la prospective et des statistiques du ministère de la culture

Journal ou magazine territorial : incontournable, mais…

En ce début de mandat, bien des équipes élues entendent revisiter la communication de leur collectivité et notamment faire évoluer le journal ou le magazine.
Sans doute une opportunité pour mieux inscrire ce support dans le dispositif global de communication en améliorant la dimension multicanal.
Dans cet article, je vous propose quelques réflexions et repères pour accompagner cette démarche.
Bonne lecture et… bonne presse !

Oser la participation citoyenne !

La participation est une demande citoyenne qui a été exprimée dans les récentes séquences sociales, notamment celle des “gilets jaunes”. Interpellant alors les élus locaux et laissant démunis beaucoup d’entre eux malgré leur bonne volonté, sincèrement affichée.

La question de la démocratie participative, revendication citoyenne, a aussi largement dominé le débat électoral des dernières élections municipales. Toutes tendances confondues, les équipes en lice se sont généralement positionnées et très souvent engagées à porter cette problématique sur la mandature 2020-2026.

Le sujet émerge aussi des résultats de ces élections municipales 2020, fortement impactées par une abstention record (± 60 %) qui a, de facto, fragilisé la légitimité des équipes municipales, généralement élues par moins de 25 % du corps électoral.

Abstention d’une ampleur jamais atteinte dont le Coronavirus est bien loin d’être la seule cause. Atteignant des sommets chez les moins de 35 ans et dans les quartiers populaires, elle a confirmé l’amplification du décrochage citoyen et la profondeur de l’affaiblissement de la démocratie. Continuer la lecture

Droit d’expression des minorités et communication digitale de la collectivité…

A l’aube de ce mandat 2020-2026, on m’interroge sur cette question sensible qui, avec la montée en puissance de la communication digitale, devient complexe. Je vous propose donc une grille de compréhension de cette question.

Le principe général
L’article L. 2121-27-1 du CGCT dispose que, “dans les communes de plus 3 500 habitants, les EPCI, les départements et les régions, les élus n’appartenant pas à la majorité disposent d’un droit d’expression sur les supports de communication qui constituent des bulletins d’information générale”.

Ce principe général a été confirmé par plusieurs jugements de tribunaux administratifs (tribunal administratif de Montreuil – 2015 ; tribunal administratif de Dijon – 2016 ; tribunal administratif de Melun – 2017) indiquant en substance que “toute mise à disposition du public de messages d’information portant sur les réalisations et la gestion du conseil municipal doit être regardée, quelle que soit la forme qu’elle revêt, comme la diffusion d’un bulletin d’information générale. A ce titre, un espace doit y être réservé à l’expression des conseillers n’appartenant pas à la majorité municipale”.

Mais le juge administratif qui s’attache également au contenu de de l’information diffusée sur le site ou la page officielle de la ville, nuance son propos que l’on peut résumer ainsi : “s’il est constaté que le site ou la page Facebook ne se borne pas à délivrer des informations pratiques aux habitants de la commune et retrace l’action de la majorité municipale, ces supports doivent être regardés comme un bulletin d’information générale et donc ouverts à l’expression des élus n’appartenant pas la majorité”.

Jurisprudence quelque un peu ambiguë compte tenu des nuances d’appréciation du juge et surtout d’application pratique peu facile ! D’où deux préconisations que je fais systématiquement :
• sur le site de la ville, ouvrir systématiquement un espace réservé à l’expression du ou des élus n’appartenant pas à la majorité municipale.
• bien cadrer le positionnement éditorial de la page Facebook de la ville en la cantonnant exclusivement à la diffusion d’informations pratiques. Dans ce cas, il n’est pas nécessaire d’instituer un espace d’expression dédié aux élus n’appartenant pas à la majorité municipale. Ce qui, en termes de communication me parait cohérent avec le fait que les réseaux sociaux n’ont pas à porter de messages institutionnels. Ce qui renvoie à l’impératif d’organiser une communication multicanal (cf. post précédent) et d’organiser l’éditorialisation des contenus sur les différents canaux digitaux, ce qui est autre un vaste sujet.

A noter que le juge administratif considère (bizarrement !) “qu’un compte Twitter, lequel constitue un outil de microblogage personnalisé, limité en nombre de caractères et fonctionnant en temps réel, ne peut pas être regardé comme constituant un bulletin d’information générale”.

Allez comprendre…D’autant  que le tribunal administratif de Grenoble a jugé (28 novembre 2019) que le droit d’expression des minorités s’appliquait également “à la chaîne youtube de la collectivité”.

Sachant enfin que quels que soient les principes mis en œuvre par la collectivité, il doivent absolument être actés dans son règlement intérieur. Celui-ci devant être adopté dans les six mois suivant l’élection.

Communication multicanal : kesako ?

Mon précédent post a suscité des questions de lecteursnme demandant d’expliciter ce qu’est la communication multicanal. Voici donc un éclairage rapide sur ce sujet central.
Le digital a chamboulé de fond en comble les codes de la communication classique et a engendré une croissance exponentielle des volumes d’informations en circulation. La communication est devenue pluri supports et le récepteur (usager ou client) manifeste de plus en plus d’exigence en termes de contenu et d’accessibilité. Il est dans l’attente d’une information personnalisée répondant à ses attentes ou ses habitudes et à laquelle il souhaite accéder par son canal préféré. Du côté de l’émetteur, il faut intégrer que chaque canal à sa spécificité, ses propres codes de communication, sa tonalité propre. Il ne sert donc à rien – et il est même contreperformant – de répliquer à l’identique le message d’un canal à l’autre.
En matière de communication multicanal, il ne s’agit surtout pas de juxtaposer les canaux mais bien d’organiser leur complémentarité. La règle est simple : “qui dit diversification des canaux, dit diversification des contenus”.
Si le principe est simple, sa mise en œuvre est plus ardue. Mais l’enjeu en vaut vraiment la chandelle !