Sans m’instituer thuriféraire d’Emmanuel Macron, ce propos* du Président de la République m’est apparu intéressant dans la mesure où il décrypte l’un des mécanismes qui concourt à la démonétisation de la parole publique. Phénomène fortement accentué par les réseaux sociaux mais aussi et surtout par les médias d’information en continue et que l’on retrouve à des degrés divers et sous des formes variées dans toutes les sphères de pouvoir…
“Vous mentionnez les réseaux sociaux, mais il existe aussi une responsabilité médiatique.
C’est vous qui le dites. Mais, effectivement, on observe aujourd’hui un processus de déconstruction de tous les discours, qu’il s’agisse d’un discours politique, d’organisation ou de vérité. (…)
Vous voyez bien que le moindre discours, la moindre annonce, est suivi de plusieurs heures de commentaires. Cela, c’est précisément un processus de déconstruction accélérée. A la fin de la soirée, ceux qui sont restés devant leur télévision se demandent :« Finalement, qu’est-ce qu’il a dit ? »
Vous voyez combien cette déconstruction, qui peut être légitime, complexifie les choses. Une société, pour avancer, a besoin de commun, que des principes d’autorité politique, académique, scientifique existent. Et ce commun, parce qu’aussi l’espace public est de plus en plus fragmenté, est de plus en plus difficile à produire. Parce qu’il fait toujours l’objet de critiques, de controverses. Mais le commentaire ne peut être permanent, il faut revenir aux faits, à qui parle, sur quoi, avec quelle légitimité et quelle responsabilité.
C’est crucial. Car le relativisme délitant tout, il nourrit la défiance et affaiblit, à la fin, la démocratie. Chacun doit donc prendre ses responsabilités pour changer cela.”
Une problématique à laquelle sont confrontés tous les communicants publics et qui doit faire l’objet d’une vigilance permanente autant que d’une gestion rigoureuse, voire économe, de la parole publique !
* Interview L’Express – 23 décembre 2020